Vous êtes fanatique du mouvement Rap marocain, voici une interview exclusive du fondateur même de ce mouvement, que vous avez eu la chance de redécouvrir à travers le générique du film Casanegra, Amine Al Kayssar, avec ce même amour pour le rap comme à ses débuts, il partage ainsi avec nous ses expériences, ses nouveautés et ses projets… Bonjour Amine, pour débuter l’interview, une petite présentation de toi avant tout ? Salut à tous, c’est Amine Aboudrar alias Amine Snoop A.K.A al kayssar, né le 27 avril 1977, rappeur marocain et fondateur du mouvement rap parmi les 1ers MC du « blad »
Tu as commencé le rap en 93, tu as quasiment 15ans de rap jusqu’à aujourd’hui, comment résumerais tu toutes ces années d’engagement dans le rap ? Eh bien oui, effectivement 15 ans de rap, tout a commencé avec un rappeur américain (ICE - t) que j’écoutai, seul dans ma chambre, à ce moment là j’ai pensé à faire du rap en arabe, faut dire que le mouvement ghiwani m'a influencé, car j’étais très attiré par leur coté révolutionnaire, j’admirai leur façon de parler, leur façon d’écrire, et c’est avec leurs paroles que j’ai essayé de rapper et voir ce que ca donnerait ! Et à ma plus grande joie, ca marchait ! ON PEUT FAIRE DU RAP EN DARIJA ! c’est alors comme cela qu’à débuter mon dévouement pour le Rap, j’ai donc crée le groupe ‘’Casa muslim’’ composé de Barry, Ko man, et moi-même ; nous avons été soutenu par le public casablancais lorsqu’on se produisait au ‘’cage club’’, qui est une discothèque que l’on considérait comme l’école du mouvement hip-hop dans les années 90, ce lieu nous a permit de rencontrer d’autres rappeur, la plupart imitait les rappeurs américains et français, par contre à Salé, le groupe ‘’les dragons blancs’’ était composé de deux rappeurs, qui faisait du rap français-anglais… le rap évolue alors petit à petit et crée ainsi de la concurrence par rapport aux groupe de rappeurs, certains se séparent d’autres naissent et ainsi de suite… ceci représente les conditions dans lesquels le rap a commencé, dans lesquels j’ai commencé…
L’année 97, c’était la tournée à travers le Maroc, 2ans plus tard je participai au 1er championnat de Break dance au Maroc, avec hincham Aabkari, qui par la suite a donner un réel coup de main aux rappeurs marocain, en organisant un concert tous les mercredi, samedi et dimanche au complexe culturel de Sidi Belyout, ce qui a permit une bonne lancée du mouvement Rap au maroc.
De plus en plus de rappeurs s’imposaient, entrainant avec eux une confrontation entre quartiers, le public de Hay Mouhammadi contre le public du centre ville, … etc.
Aujourd’hui la scène Rap marocaine connaît un bon succès, on peut voir sur scène
Fnair,
H-Kayne,
Bigg,
Casa-Crew… mais où sont donc les vrais fondateurs de ce mouvement au maroc ? A l’époque c’était un rêve de voir le Rap arrivait à ce niveau de succès, faut dire qu’aujourd’hui, il y’a plus de moyens, on pire on peut faire de l’autoproduction, contrairement au rap d’hier où l’on avait du mal à trouver une maison de production pouvant nous aider.
Qu’est ce qui te plait dans le rap ? Dans le Rap, je retrouve une liberté et une force qui me donne cette impression que je peux changer les choses, grâce aux paroles, on apporte des solutions pouvant changer le système qui ne marche pas, on arrive à donner une certaine éducation aux jeunes, il faut savoir qu’il existe des gens qui considèrent les prisonniers de oukacha comme étant des héros, et sont donc influencés par certaines choses qui pourrait installer une certaine violence , etc … le rap est un art de rue clean basé sur la littérature, la poésie marocaine et la ‘’Zen9apologie’’ (sociologie), keep it old school, il faut imposer sa propre style de paix et chercher à changer les mauvais points.
Parles-nous de tes compositions, des thèmes que tu évoques dans tes titres ? Buh… je trouve que la rue m'inspire, je ne vais pas pour autant chanter ‘’lalla mnana’’ ou ‘’chta ta ta ta ta’’ , mais il existe des sujets sur des problèmes ou même des choses qui font rire qui peuvent inspirer l'artiste et grâce à cette concentration sur la vie que j’ai trouvé mes thèmes ( la conlondistination , g un morceau dont le titre est ‘’DWi’’ qui veut dire ‘’parles’’, car chacun sa liberté d'expression , je ne veux pas exprimer ma liberté mais je veux être libre de m’exprimer ...je parle aussi du coté obscure de toutes les villes dans le morceau ‘’symphonie de zan9a’’, il y’a aussi l’histoire d'un prisonnier ( nhar mn 10 snine ) parle de la première heure en prison d’un condamné, cette sensation d’être privé de sa liberté, un autre morceau qui parle de la société de manière comique ‘’soukhriya ‘’ , et bien d’autres thèmes encore… .
Comment c’est passé la collaboration pour la musique du film Casanegra ? (rire), la musique du film Casanegra m’a été destiné, après la présélection entre Bigg et moi, ce fut une grande expérience que j’ai acquise grâce à Nourdine Lakhmari qui a joué le rôle de notre professeur artistique, il nous a formé à être professionnel au niveau ‘’image de l’artiste’’
Cette collaboration est le fruit d’un pur hasard, je me présentai pour une interview à Aswat, lorsque mon ami Youssef Mirigue me demande de contacter Nourdine Lakhmari, car il chercherait un rappeur de qualité, et voila…je me retrouve à enregistrer pour le générique du film Casanegra, le clip est encore en phase de montage …
En tout cas, mon album Casanegra sera dédié Inchaa llah à Nourdine Lakhmari ainsi que Sigma, qui m’ont donné un réel coup de pouce, en me faisant sortir du niveau under ground pour me relancer dans le show bizz et dans le rap professionnel.
Il parait que tu compte percer dans le cinéma prochainement, est ce une première ? Wé, ce sera mon premier pas dans le monde du cinéma, il y’a effectivement un projet avec Nourdine Lakhmari dans ‘’alkadiya’’ saison 7, un projet très prometteur donc il faut que je fonce et voila all the dreams can be true…
Au début de ta carrière, tu as commencé dans la danse, ensuite le rap et aujourd’hui tu compte aussi percer dans le cinéma, on a l’impression que la scène artistique fait partie de ta vie et non une simple passion. N’as-tu jamais pensé à tous laisser tomber pour faire autre chose ? Nn je n’ai jamais bossé dans un usine ou une boite ou encore dans un centre d'appel. je veux être professionnel dans le domaine artistique comme mon père allah yra7mou Mouhamed Aboudrar il était pianiste, professeur de musique au conservatoire de paris et chef d'orchestre à Paris, il est décédé en 1982 à rabat. Je suis issu d’une famille d’artistes, guitaristes et musiciens, donc pour moi être artiste est une fierté. Toutefois, je suis conscient du fait qu’être âgé de 32ans et de ne baser sa vie qu’en fonction de son art est assez anormal surtout au maroc mais je suis plein d’espoir et bien motivé à percer d’avantage dans ma carrière Inchaa Llah
Tes influences musicales ? Je suis assez bizarre au niveau de mes influences, je suis un mélomane, j'aime la bonne musique, j’étais influencé par Ice-T, public enemy, cypress hill , criss cross , guru et bien d'autres rappeurs américains de la old scool..mais j'aime aussi écouté le classique arabe comme Oum kaltoume. du rai bilal khaled et d'autre encore comme du khaliji et le jazz , bleus , rock ( jimm morisson, curt cubain , green day ,aero smith ,ganz n' roses , egals ) j'aime la bonne musique :D
Un album en préparation ? Je suis entrain de travailler sur un album que je dédie à Nourdine Lakhmari en rappelant le succès de son long métrage Casanegra sans oublier Sigma
L'album portera le nom du film casanegra , car c’est l’image même du petit maroc, et le message envoyé ne se délimite pas seulement à casablanca mais à toutes les autres villes.
Un petit mot pour nos lecteurs d’escape magazine ?Je vous aime tous et un grand big up a vs peace out, by Amine al kayssar de casa négra
Leila Chahad
